samedi 12 août 2017

Pourquoi les Nord-Coréens nous haïssent-ils ? C’est simple, ils se souviennent de la Guerre de Corée

Pourquoi les Nord-Coréens nous haïssent-ils ? C’est simple, ils se souviennent de la Guerre de Corée 
Par Mehdi Hasan, le 3 mai 2017 -  The Intercept / Les Crises (trad.)

Picasso, Massacre en Corée (1951)

« Pourquoi nous haïssent-ils ?
C’est une question qui, en pensant au monde arabo-musulman, a rendu les Américains inlassablement perplexes à la suite des événements du 11 septembre. Actuellement, toutefois, c’est une question qui est de plus en plus posée à propos des Nord-Coréens repliés sur eux-mêmes.

Soyons clairs : il ne fait aucun doute que les citoyens de la République Démocratique de Corée craignent et abhorrent les États-Unis. La paranoïa, la rancœur et un anti-américanisme grossier sont alimentés depuis des décennies, à l’intérieur du Royaume Ermite. A l’école, on enseigne aux enfants la haine des Américains tandis que les adultes commémorent chaque année un « mois de lutte contre l’impérialisme américain » (c’est en juin, au cas où vous ne le sauriez pas).
Les officiels nord-coréens profèrent des menaces violentes contre les États-Unis tandis que le régime, dirigé par le brutal et sadique Kim Jong-un, produit de fausses informations à une échelle industrielle sous forme d’une propagande qui sert ses propres intérêts. En République Démocratique de Corée, la haine anti-américaine est une denrée dont on ne manque jamais.
« Cette haine », toutefois, telle que l’a observée depuis longtemps dans le Washington Post l’observateur de la Corée du Nord Blaine Harden, « n’est pas entièrement fabriquée ». Elle « trouve en partie ses racines dans une narration fondée sur des faits que la Corée du Nord se remémore obsessionnellement et que les États-Unis oublient avec insouciance. »

Oublient, comme dans « guerre oubliée ». Oui, la guerre de Corée, vous vous rappelez ? Celle qui est coincée entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Vietnam ? La première guerre « chaude » de la Guerre Froide, qui a eu lieu entre 1950 et 1953, et qui depuis a été commodément évacuée de la plupart des discussions et des débats à propos du régime « cinglé » et « dément » de Pyongyang. Oubliée bien que cette guerre particulière ne soit même pas terminée – elle a été suspendue par un accord d’armistice et non par un traité de paix – et bien que ce conflit ait vu les États-Unis commettre de nombreux crimes de guerre, ce qui continue de façonner, peut-être ne faut-il pas en être surpris, la manière dont les Nord-Coréens voient les États-Unis, même si les habitants des États-Unis ignorent béatement le passé de belligérant de leur pays.

Pour l’histoire, ce sont les Nord-Coréens, et non les Américains ou leurs alliés Sud-Coréens qui ont débuté la guerre en juin 1950, lorsqu’ils ont franchi le 38e parallèle et envahi le sud. Néanmoins, « ce que les Américains ignorent ou se rappellent à peine, c’est que nous avons tapissé de bombes le Nord pendant trois ans sans trop nous préoccuper des pertes civiles » écrit dans son livre « La guerre de Corée : une histoire » Bruce Cummings, historien de l’Université de Chicago.

Combien d’Américains, par exemple, sont conscients du fait que les avions américains ont lâché, sur la péninsule coréenne, plus de bombes – 635 000 tonnes – et de napalm – 32 557 tonnes – que pendant toute la campagne du Pacifique contre les Japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale ?
Combien d’Américains savent que « sur une période de trois ans ou à peu près », pour citer Curtis LeMay, général de l’Armée de l’Air et chef du Commandement Stratégique Aérien pendant la guerre de Corée, nous avons assassiné… 20% de la population » ?

Vingt pour cent. Par comparaison, les Nazis ont exterminé 20% de la population polonaise présente avant la Seconde Guerre mondiale. Selon LeMay, « nous sommes allés là-bas pour faire la guerre et nous avons fini par incendier et détruire chaque ville de Corée du Nord. »

Chaque. Ville. On estime que plus de 3 millions de civils, dont la majorité habitaient le Nord, ont été tués dans les combats.

Une vieille femme et son petit-enfant errent parmi les décombres de leur maison détruite au lendemain des bombardements aériens des avions américains sur Pyongyang, la capitale communiste de la Corée du Nord. (Photo Keystone/Getty Images).

Combien d’Américains connaissent les déclarations du secrétaire d’État Dean Rusk ou le représentant de la Cour Suprême William O. Douglas ? Rusk, qui était fonctionnaire au département d’État en charge des Affaires de l’Extrême-Orient pendant la guerre de Corée, a plus tard admis que les États-Unis avaient bombardé « chaque brique posée sur une autre, tout ce qui bougeait ». Il a souligné que les pilotes américains « bombardaient juste cette putain de Corée du Nord. »
Douglas a visité la Corée au cours de l’été 1952 et a été pétrifié par la « misère, la maladie, la souffrance et la famine, aggravées » par les bombardements des avions de guerre américains qui, à court de cibles militaires, avaient bombardé les fermes, les barrages, les usines et les hôpitaux. « J’ai vu les villes d’Europe meurtries par la guerre, a confessé le représentant de la Cour Suprême, mais je n’avais pas vu la dévastation avant de voir la Corée. »
Combien d’Américains ont déjà entendu parler du plan déjanté du général Douglas Mac Arthur pour gagner la guerre contre la Corée du Nord en seulement 10 jours ? Mac Arthur, qui dirigeait le Commandement des troupes des Nations Unies pendant le conflit, voulait lâcher « entre 30 et 50 bombes atomiques… pour étrangler la Mandchourie » et cela « aurait laissé derrière nous une ceinture de cobalt radioactif ».
Combien d’Américains ont entendu parler du massacre de No Gun Ri en juillet 1950, au cours duquel des centaines de Coréens ont été tués par des avions de guerre américains et par des membres du 7e régiment de Cavalerie américains alors qu’ils se réfugiaient sous un pont ? Les détails de ce massacre ont fait surface en 1999 lorsque Associated Press a interrogé des dizaines de militaires américains à la retraite. « Au diable tous ces gens », disait le capitaine d’un vétéran dans les souvenirs de ce dernier. « Débarrassons-nous d’eux tous ».
Combien d’Américains ont appris à l’école le massacre de la Ligue Bodo perpétré sur des dizaines de milliers de personnes suspectées d’être communistes sur les ordres de l’homme fort sud-coréen soutenu par les Américains, le président Syngman Rhee, au cours de l’été 1950 ? Les témoins rapportent que des jeeps pleines d’officiers américains étaient présentes et « supervisaient la boucherie ».
Il est fort possible que des millions d’Américains souffrent d’une combinaison toxique d’ignorance et d’amnésie, mais les victimes des coups d’État américains, de leurs invasions et de leurs campagnes de bombardement à travers le monde tendent, eux, à ne pas oublier. Demandez aux Irakiens, ou aux Iraniens, ou alors aux Cubains ou aux Chiliens. Et, oui, demandez aussi aux Nord-Coréens.

Pour les habitants de la République Démocratique de Corée, d’après Charles Armstrong, historien à l’Université Columbia, dans son livre « La tyrannie des faibles : La Corée du Nord et le reste du monde, 1950-1992 », « la guerre aérienne américaine a laissé une impression profonde et durable. Plus que tout autre facteur, elle a donné aux Nord-Coréens un sentiment collectif de peur et d’angoisse face aux menaces extérieures, qui perdurera longtemps après la fin de la guerre. »
Ne vous méprenez pas : je ne prétends pas que le régime totalitaire et violent de Kim le serait moins aujourd’hui si les États-Unis n’avaient pas tapissé de bombes la Corée du Nord il y a près de 70 ans. Je ne m’attends pas non plus à ce que Donald Trump, de tous les présidents, présente des excuses officielles à Pyongyang au nom du gouvernement américain pour les crimes de guerre perpétrés entre 1950 et 1953.

Selon l’éminente spécialiste de la Corée, Kathryn Weathersby, la Corée du Nord est, en interne, « toujours dans les années 1950… et le conflit avec la Corée du Sud et les États-Unis est toujours en cours. La population au Nord se sent acculée et menacée. »

Si on veut éviter une autre guerre de Corée, une guerre potentiellement nucléaire, et si, comme l’écrivain d’origine tchèque Milan Kundera l’a écrit dans une phrase célèbre, « la lutte d’un homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l’oubli », alors les Américains ordinaires ne peuvent plus se permettre d’oublier l’héritage de mort, de destruction et d’écrasement de la guerre originelle de Corée.

* * *

Voilà pourquoi la Corée du Nord déteste autant les États-Unis…
Le 24 juin 2010 - Amitié France-Corée


Quand les Etats-Unis détruisaient un pays pour le sauver

Le 25 juin 2010 marque le soixantième anniversaire du début de la Guerre de Corée, appelée «Guerre de Libération de la patrie » en République populaire démocratique de Corée.  Entre 1950 et 1953, les hostilités ont fait près de quatre millions de victimes, mais l’ « héritage » de cette guerre va  bien au-delà de ce bilan humain déjà terrifiant : l‘accord d’armistice signé à Panmunjom le 27 juillet 1953 a scellé la division de la péninsule coréenne en établissant une ligne de démarcation militaire entre le nord et le sud, et, faute de véritable traité de paix, la Corée reste « techniquement » en état de belligérance.

Au lendemain de la libération de la Corée (15 août 1945), après 35 ans de colonisation japonaise, le peuple coréen pouvait pourtant légitimement prétendre à recouvrer son indépendance et sa souveraineté, comme s’y étaient engagés les pays alliés lors de la Conférence du Caire (novembre 1943). Cette légitime aspiration de la nation coréenne ne fut malheureusement pas réalisée dans le contexte d’affrontement des grandes puissances : dès le mois de septembre 1945, deux zones d’occupation, soviétique et américaine, se mirent en place de part et d’autre du 38emeparallèle. En 1948, l’organisation d’élections séparées au sud, sous l’égide de l’ONU où les Etats-Unis disposaient de la majorité, aboutit à la création de deux Etats coréens : la République de Corée au sud, la République populaire démocratique de Corée au nord. La partition de fait de la Corée était réalisée. La nation coréenne se trouvait dramatiquement divisée contre son gré par la « frontière » artificielle du 38eme parallèle, autour de laquelle divers accrochages firent des milliers de morts de 1945 à 1950.

La thèse de l’offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 servit de prétexte à une intervention militaire des Etats-Unis, dans le cadre d’une stratégie américaine globale de « refoulement du communisme ».  L’intervention américaine en Corée fut légitimée par le Conseil de sécurité de l’ONU  – où l’URSS ne siégeait pas en raison du refus d’y admettre la jeune République populaire de Chine -, le président américain Harry Truman présentant alors l’envoi de troupes en Corée comme une « opération de police » dont le but était de repousser un « raid de bandits contre la République de Corée ». Le président américain l’a fait sans déclaration de guerre, jusqu’alors une condition préalable à la participation militaire des Etats-Unis à l’étranger. Il a ainsi établi un précédent pour le président Lyndon Johnson qui a engagé des troupes dans la Guerre du Vietnam sans jamais solliciter un mandat du Congrès pour son action. Les interventions en Irak et en Afghanistan ont été menées selon les mêmes principes.

Pour cette « opération de police », les Etats-Unis eurent recours à des armes de destruction massive,  ou menacèrent d’en utiliser, ce qui contribue encore à éclairer la situation actuelle. Comme l’écrit  l’historien américain Bruce Cumings en conclusion de l’article que nous reproduisons ci-après, « la Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les Etats-Unis ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée ». Cumings écrivait ces lignes en 2004, sous l’administration Bush. Elles restent d’une troublante actualité, surtout  après l’annonce, le 6 avril 2010, de la nouvelle posture nucléaire de l’administration Obama, selon laquelle les Etats-Unis s’autorisent à frapper la Corée du Nord avec des armes nucléaires même si celle-ci n’utilise que des armes conventionnelles.

 Mémoires de feu en Corée du Nord
Quand les USA détruisaient un pays pour le sauver

La Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les USA ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée.

Bombardier B-29 US en mission, juillet 1950.© Roger-Viollet

Plutôt que d’une guerre « oubliée », mieux vaudrait parler, s’agissant de la guerre de Corée (1950-1953), d’une guerre inconnue. L’effet incroyablement destructeur des campagnes aériennes US contre la Corée du Nord – qui allèrent du largage continu et à grande échelle de bombes incendiaires (essentiellement au napalm) aux menaces de recours aux armes nucléaires et chimiques ((Stephen Endicott, Edward Hagerman, « Les armes biologiques de la guerre de Corée », Le Monde diplomatique, juillet 1999.)) et à la destruction de gigantesques barrages nord-coréens dans la phase finale de la guerre – est indélébile. Ces faits sont toutefois peu connus, même des historiens, et les analyses de la presse sur le problème nucléaire nord-coréen ces dix dernières années n’en font jamais fait état.

La guerre de Corée passe pour avoir été limitée, mais elle ressembla fort à la guerre aérienne contre le Japon impérial pendant la seconde guerre mondiale, et fut souvent menée par les mêmes responsables militaires US. Si les attaques d’Hiroshima et de Nagasaki ont fait l’objet de nombreuses analyses, les bombardements incendiaires contre les villes japonaises et coréennes ont reçu beaucoup moins d’attention. Quant aux stratégies nucléaire et aérienne de Washington en Asie du Nord-Est après la guerre de Corée, elles sont encore moins bien comprises, alors que ces stratégies ont défini les choix nord-coréens et demeurent un facteur-clé dans l’élaboration de la stratégie US en matière de sécurité nationale.

Le napalm fut inventé à la fin de la seconde guerre mondiale. Son utilisation provoqua un débat majeur pendant la guerre du Vietnam, attisé par des photos insoutenables d’enfants qui couraient nus sur les routes, leur peau partant en lambeaux… Une quantité encore plus grande de napalm fut néanmoins larguée sur la Corée, dont l’effet fut beaucoup plus dévastateur, car la République populaire démocratique de Corée (RPDC) comptait bien plus de villes peuplées que le Nord-Vietnam. En 2003, j’ai participé à une conférence aux côtés d’anciens combattants US de la guerre de Corée. Lors d’une discussion à propos du napalm, un survivant de la bataille du Réservoir de Changjin (Chosin, en japonais), qui avait perdu un œil et une partie de la jambe, affirma que cette arme était bel et bien ignoble, mais qu’elle « tombait sur les bonnes personnes ».

Les bonnes personnes ? Comme lorsqu’un bombardement toucha par erreur une douzaine de soldats US : « Tout autour de moi, les hommes étaient brûlés. Ils se roulaient dans la neige. Des hommes que je connaissais, avec qui j’avais marché et combattu, me suppliaient de leur tirer dessus… C’était terrible. Quand le napalm avait complètement brûlé la peau, elle se détachait en lambeaux du visage, des bras, des jambes… comme des chips de pommes de terre frites ((Cité dans Clay Blair, Forgotten War, Random House, New York, 1989.)). »

Un peu plus tard, George Barrett, du New York Times, découvrit un « tribut macabre à la totalité de la guerre moderne » dans un village au nord d’Anyang (en Corée du Sud) : « Les habitants de tout le village et dans les champs environnants furent tués et conservèrent exactement l’attitude qu’ils avaient lorsqu’ils furent frappés par le napalm : un homme s’apprêtait à monter sur sa bicyclette, une cinquantaine d’enfants jouaient dans un orphelinat, une mère de famille étrangement intacte tenait dans la main une page du catalogue Sears-Roebuck où était cochée la commande no 3811294 pour une “ravissante liseuse couleur corail”. » Dean Acheson, secrétaire d’Etat, voulait que ce genre de « reportage à sensation » soit signalé à la censure afin qu’on puisse y mettre un terme (3).

L’un des premiers ordres d’incendier des villes et des villages que j’ai trouvés dans les archives fut donné dans l’extrême sud-est de la Corée, pendant que des combats violents se déroulaient le long du périmètre de Pusan, début août 1950, alors que des milliers de guérilleros harcelaient les soldats US. Le 6 août 1950, un officier US donna l’ordre à l’armée de l’air « que soient oblitérées les villes suivantes » : Chongsong, Chinbo et Kusu-Dong. Des bombardiers stratégiques B-29 furent également mis à contribution pour des bombardements tactiques. Le 16 août, cinq formations de B-29 frappèrent une zone rectangulaire près du front qui comptait un grand nombre de villes et de villages, et créèrent un océan de feu en larguant des centaines de tonnes de napalm. Un ordre semblable fut émis le 20 août. Et le 26 août, on trouve dans ces mêmes archives la simple mention : « Onze villages incendiés (4) ».

Les pilotes avaient ordre de frapper les cibles qu’ils pouvaient discerner pour éviter de frapper des civils, mais ils bombardaient souvent des centres de population importants identifiés par radar, ou larguaient d’énormes quantités de napalm sur des objectifs secondaires lorsque la cible principale ne pouvait être atteinte. La ville industrielle de Hungnam fut la cible d’une attaque majeure le 31 juillet 1950, au cours de laquelle 500 tonnes de bombes furent lâchées à travers les nuages. Les flammes s’élevèrent jusqu’à une centaine de mètres. L’armée US largua 625 tonnes de bombes sur la Corée du Nord le 12 août, un tonnage qui aurait requis une flotte de 250 B-17 pendant la seconde guerre mondiale. Fin août, les formations de B-29 déversaient 800 tonnes de bombes par jour sur le Nord (5). Ce tonnage consistait en grande partie en napalm pur. De juin à fin octobre 1950, les B-29 déversèrent 3,2 millions de litres de napalm.

Au sein de l’armée de l’air US, certains se délectaient des vertus de cette arme relativement nouvelle, introduite à la fin de la précédente guerre, se riant des protestations communistes et fourvoyant la presse en parlant de « bombardements de précision ». Les civils, aimaient-ils à prétendre, étaient prévenus de l’arrivée des bombardiers par des tracts, alors que tous les pilotes savaient que ces tracts n’avaient aucun effet (6). Cela n’était qu’un prélude à la destruction de la plupart des villes et villages nord-coréens qui allait suivre l’entrée de la Chine dans la guerre.

Larguer trente bombes atomiques ?

L’entrée des Chinois dans le conflit provoqua une escalade immédiate de la campagne aérienne. A compter du début novembre 1950, le général MacArthur ordonna que la zone située entre le front et la frontière chinoise soit transformée en désert, que l’aviation détruise tous les « équipements, usines, villes et villages » sur des milliers de kilomètres carrés du territoire nord-coréen. Comme le rapporta un attaché militaire britannique auprès du quartier général de MacArthur, le général US donna l’ordre de « détruire tous les moyens de communication, tous les équipements, usines, villes et villages » à l’exception des barrages de Najin, près de la frontière soviétique et de Yalu (épargnés pour ne pas provoquer Moscou et Pékin). « Cette destruction [devait] débuter à la frontière mandchoue et continuer vers le sud. » Le 8 novembre 1950, 79 B-29 larguaient 550 tonnes de bombes incendiaires sur Sinuiju, « rayant de la carte ». Une semaine plus tard, un déluge de napalm s’abattait sur Hoeryong « dans le but de liquider l’endroit ». Le 25 novembre, « une grande partie de la région du Nord-Ouest entre le Yalu et les lignes ennemies plus au sud (…) est plus ou moins en feu ». La zone allait bientôt devenir une « étendue déserte de terre brûlée (7) ».

Général Mac Arthur  azs

Tout cela se passait avant la grande offensive sino-coréenne qui chassa les forces de l’ONU du nord de la Corée. Au début de l’attaque, les 14 et 15 décembre, l’aviation US lâcha au-dessus de Pyongyang 700 bombes de 500 livres, du napalm déversé par des avions de combat Mustang, et 175 tonnes de bombes de démolition à retardement qui atterrirent avec un bruit sourd et explosèrent ensuite, quand les gens tentèrent de sauver les morts des brasiers allumés par le napalm. Début janvier, le général Ridgway ordonna de nouveau à l’aviation de frapper la capitale Pyongyang « dans le but de détruire la ville par le feu à l’aide de bombes incendiaires » (objectif qui fut accompli en deux temps, les 3 et 5 janvier 1951). A mesure que les USAméricains se retiraient au sud du 30e parallèle, la politique incendiaire de la terre brûlée se poursuivit : Uijongbu, Wonju et d’autres petites villes du Sud, dont l’ennemi se rapprochait, furent la proie des flammes (8).

L’aviation militaire tenta aussi de décapiter la direction nord-coréenne. Pendant la guerre en Irak, en mars 2003, le monde a appris l’existence de la bombe surnommée « MOAB » (Mother of all bombs, Mère de toutes les bombes), pesant 21 500 livres et d’une capacité explosive de 18 000 livres de TNT. Newsweek en publia une photo en couverture, sous le titre « Pourquoi l’Amérique fait-elle peur au monde ? (9) ». Au cours de l’hiver 1950-1951, Kim Il-sung et ses alliés les plus proches étaient revenus à leur point de départ des années 1930 et se terraient dans de profonds bunkers à Kanggye, près de la frontière mandchoue. Après trois mois de vaines recherches à la suite du débarquement d’Inch’on, les B-29 larguèrent des bombes « Tarzan » sur Kanggye. Il s’agissait d’une bombe nouvelle, énorme, de 12 000 livres, jamais utilisée auparavant. Mais ce n’était encore qu’un pétard à côté de l’arme incendiaire ultime, la bombe atomique.

Le 9 juillet 1950, deux semaines seulement après le début de la guerre, le général MacArthur envoya au général Ridgway un « message urgent » qui incita les chefs d’état-major (CEM) « à examiner s’il fallait ou non donner des bombes A à MacArthur ». Le général Charles Bolte, chef des opérations, fut chargé de discuter avec MacArthur de l’utilisation de bombes atomiques « en soutien direct aux combats terrestres ». Bolte estimait qu’on pouvait réserver de 10 à 20 bombes au théâtre coréen sans que les capacités militaires globales des USA s’en trouvent affectées « outre mesure ». MacArthur suggéra à Bolte une utilisation tactique des armes atomiques et lui donna un aperçu des ambitions extraordinaires qu’il nourrissait dans le cadre de la guerre, notamment l’occupation du Nord et une riposte à une potentielle intervention chinoise ou soviétique comme suit : « Je les isolerai en Corée du Nord. En Corée, je vois un cul-de-sac. Les seuls passages en provenance de Mandchourie et de Vladivostok comportent de nombreux tunnels et ponts. Je vois là une occasion unique d’utiliser la bombe atomique, pour frapper un coup qui barrerait la route et demanderait un travail de réparation de six mois. »

A ce stade de la guerre, toutefois, les chefs d’état-major rejetèrent l’usage de la bombe car les cibles suffisamment importantes pour nécessiter des armes nucléaires manquaient, ils redoutaient les réactions de l’opinion mondiale cinq ans après Hiroshima et ils s’attendaient que le cours de la guerre soit renversé par des moyens militaires classiques. Le calcul ne fut plus le même lorsque d’importants contingents de soldats chinois entrèrent en guerre, en octobre et novembre 1950.

Lors d’une célèbre conférence de presse, le 30 novembre, le président Truman agita la menace de la bombe atomique (10). Ce n’était pas une bourde comme on le supposa alors. Le même jour, le général de l’armée de l’air Stratemeyer envoya l’ordre au général Hoyt Vandenberg de placer le commandement stratégique aérien en alerte « afin qu’il soit prêt à envoyer sans retard des formations de bombardiers équipés de bombes moyennes en Extrême-Orient, (…) ce supplément[devant] comprendre des capacités atomiques ». Le général d’aviation Curtis LeMay se souvient à juste titre que les CEM étaient parvenus auparavant à la conclusion que les armes atomiques ne seraient probablement pas employées en Corée, sauf dans le cadre d’une « campagne atomique générale contre la Chine maoïste ». Mais puisque les ordres changeaient en raison de l’entrée en guerre des forces chinoises, LeMay voulait être chargé de la tâche ; il déclara à Stratemeyer que son quartier général était le seul qui possédait l’expérience, la formation technique et « la connaissance intime » des méthodes de largage. L’homme qui dirigea le bombardement incendiaire de Tokyo en mars 1945 était prêt à mettre le cap de nouveau sur l’Extrême-Orient pour diriger les attaques (11). Washington se souciait peu à l’époque de savoir comment Moscou allait réagir car les USAméricains possédaient au moins 450 bombes atomiques tandis que les Soviétiques n’en avaient que 25.

Curtis LeMay

Peu de temps après, le 9 décembre, MacArthur fit savoir qu’il voulait un pouvoir discrétionnaire concernant l’utilisation des armes atomiques sur le théâtre coréen, et, le 24 décembre, il soumit une « liste de cibles devant retarder l’avancée de l’ennemi » pour lesquelles il disait avoir besoin de 26 bombes atomiques. Il demandait en outre que 4 bombes soient larguées sur les « forces d’invasion » et 4 autres sur les « concentrations ennemies cruciales de moyens aériens ».

Dans des interviews parues après sa mort, MacArthur affirmait avoir un plan permettant de remporter la guerre en dix jours : « J’aurais largué une trentaine de bombes atomiques (…) en mettant le paquet le long de la frontière avec la Mandchourie. » Il aurait ensuite amené 500 000 soldats de la Chine nationaliste au Yalu, puis aurait « répandu derrière nous, de la mer du Japon à la mer Jaune, une ceinture de cobalt radioactif (…) dont la durée de vie active se situe entre soixante et cent vingt années. Pendant soixante ans au moins, il n’aurait pas pu y avoir d’invasion terrestre de la Corée par le nord ». Il avait la certitude que les Russes n’auraient pas bougé devant cette stratégie de l’extrême : « Mon plan était simple comme bonjour (12). »

La radioactivité du cobalt 60 est 320 fois plus élevée que celle du radium. Selon l’historien Carroll Quigley, une bombe H de 400 tonnes au cobalt pourrait détruire toute vie animale sur terre. Les propos bellicistes de MacArthur paraissent insensés, mais il n’était pas le seul à penser de la sorte. Avant l’offensive sino-coréenne, un comité dépendant des chefs d’état-major avait déclaré que les bombes atomiques pourraient s’avérer être le « facteur décisif » qui stopperait l’avancée chinoise en Corée. Au départ, on envisageait éventuellement leur utilisation dans « un cordon sanitaire[pouvant] être établi par l’ONU suivant une bande située en Mandchourie juste au nord de la frontière coréenne ».

La Chine en ligne de mire

Quelques mois plus tard, le député Albert Gore (le père d’Al Gore, candidat démocrate malheureux en 2000), qui s’opposa par la suite à la guerre du Vietnam, déplorait que « la Corée détruise peu à peu la virilité US » et suggérait de mettre fin à la guerre par « quelque chose de cataclysmique », à savoir une ceinture radioactive qui diviserait la péninsule coréenne en deux de façon permanente. Bien que le général Ridgway n’ait pas parlé de bombe au cobalt, après avoir succédé à MacArthur en tant que commandant US en Corée, il renouvela en mai 1951 la demande formulée par son prédécesseur le 24 décembre, réclamant cette fois 38 bombes atomiques (13). Cette demande ne fut pas acceptée.

Début avril 1951, les USA furent à deux doigts d’utiliser des armes atomiques, au moment, précisément, où Truman révoquait MacArthur. Si les informations concernant cet événement sont encore en grande partie classées secrètes, il est désormais clair que Truman ne destitua pas MacArthur uniquement en raison de son insubordination réitérée, mais parce qu’il voulait un commandant fiable sur le terrain au cas où Washington décide de recourir aux armes atomiques. En d’autres termes, Truman se débarrassa de MacArthur pour garder ouverte sa politique en matière d’armes atomiques. Le 10 mars 1951, après que les Chinois eurent massé de nouvelles forces près de la frontière coréenne et que les Soviétiques eurent stationné 200 bombardiers sur les bases aériennes de Mandchourie (d’où ils pouvaient frapper non seulement la Corée, mais les bases US au Japon) (14), MacArthur demanda une « force atomique de type Jour J » afin de conserver la supériorité aérienne sur le théâtre coréen. Le 14 mars, le général Vandenberg écrivait : « Finletter et Lovett alertés sur les discussions atomiques. Je pense que tout est prêt. » Fin mars, Stratemeyer rapporta que les fosses de chargement des bombes atomiques sur la base aérienne de Kadena, à Okinawa, étaient de nouveau opérationnelles. Les bombes y furent transportées en pièces détachées, puis montées sur la base, seul le noyau nucléaire restant à placer. Le 5 avril, les CEM ordonnèrent que des représailles atomiques immédiates soient lancées contre les bases mandchoues si de nouveaux contingents importants de soldats chinois se joignaient aux combats ou, semble-t-il, si des bombardiers étaient déployés de là contre des positions US. Le même jour, Gordon Dean, président de la Commission sur l’énergie atomique, prit des dispositions pour faire transférer 9 têtes nucléaires Mark IV au 9e groupe de bombardiers de l’aviation militaire, affecté au transport des bombes atomiques. (…)

Les chefs d’état-major envisagèrent de nouveau l’emploi des armes nucléaires en juin 1951 – cette fois, du point de vue tactique sur le champ de bataille (15) – et ce fut le cas à maintes autres reprises jusqu’en 1953. Robert Oppenheimer, l’ancien directeur du Projet Manhattan, travailla sur le Projet Vista, destiné à évaluer la faisabilité de l’usage tactique des armes atomiques. Au début de 1951, un jeune homme du nom de Samuel Cohen, qui effectuait une mission secrète pour le département de la défense, étudia les batailles ayant conduit à la seconde prise de Séoul et en conclut qu’il devait exister un moyen de détruire l’ennemi sans détruire la ville. Il allait devenir le père de la bombe à neutrons (16).

Des milliers de villages anéantis

Le projet nucléaire le plus terrifiant des USA en Corée fut probablement l’opération Hudson Harbor. Cette opération semble avoir fait partie d’un projet plus vaste portant sur « l’exploitation ouverte par le département de la défense et l’exploitation clandestine par la Central Intelligence Agency, en Corée, de la possibilité d’utiliser les armes nouvelles » (un euphémisme désignant ce qu’on appelle maintenant les armes de destruction massive). (…)

Sans recourir aux « armes nouvelles », bien que le napalm ait été très nouveau à l’époque, l’offensive aérienne n’en a pas moins rasé la Corée du Nord et tué des millions de civils avant la fin de la guerre. Pendant trois années, les Nord-Coréens se sont trouvés face à la menace quotidienne d’être brûlés par le napalm : « On ne pouvait pas y échapper », m’a confié l’un eux en 1981. En 1952, pratiquement tout avait été complètement rasé dans le centre et le nord de la Corée. Les survivants vivaient dans des grottes. (…)

Au cours de la guerre, écrivit Conrad Crane, l’armée de l’air US « provoqua une destruction terrible dans toute la Corée du Nord. L’évaluation à l’armistice des dégâts provoqués par les bombardements révéla que sur les 22 villes principales du pays, 18 avaient été au moins à moitié anéanties. » Il ressortait d’un tableau établi par l’auteur que les grandes villes industrielles de Hamhung et de Hungnam avaient été détruites à 80 %-85 %, Sariwon à 95 %, Sinanju à 100 %, le port de Chinnamp’o à 80 % et Pyongyang à 75 %. Un journaliste britannique décrivit l’un des milliers de villages anéantis comme « un monticule étendu de cendres violettes ». Le général William Dean, qui fut capturé après la bataille de Taejon, en juillet 1950, et emmené au Nord, déclara par la suite qu’il ne restait de la plupart des villes et des villages qu’il vit que « des gravats ou des ruines couvertes de neige ». Tous les Coréens qu’il rencontra, ou presque, avaient perdu un parent dans un bombardement (17). Winston Churchill, vers la fin de la guerre, s’émut et déclara à Washington que, lorsque le napalm fut inventé à la fin de la seconde guerre mondiale, personne n’imaginait qu’on en « aspergerait » toute une population civile (18).

Telle fut la « guerre limitée » livrée en Corée. En guise d’épitaphe à cette entreprise aérienne effrénée, citons le point de vue de son architecte, le général Curtis LeMay, qui déclara après le début de la guerre : « Nous avons en quelque sorte glissé un mot sous la porte du Pentagone disant : “Laissez-nous aller là-bas (…) incendier cinq des plus grandes villes de Corée du Nord – elles ne sont pas très grandes – ça devrait régler les choses.” Eh bien, on nous a répondu par des cris – “Vous allez tuer de nombreux civils”, et “c’est trop horrible”. Pourtant, en trois ans (…),nous avons incendié toutes (sic) les villes en Corée du Nord de même qu’en Corée du Sud (…). Sur trois ans, on arrive à le faire passer, mais tuer d’un coup quelques personnes pour régler le problème, beaucoup ne peuvent pas l’encaisser (19). »

La Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les USA ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée.

Notes

(1) Stephen Endicott, Edward Hagerman, « Les armes biologiques de la guerre de Corée », Le Monde diplomatique, juillet 1999.

(2) Cité dans Clay Blair, Forgotten War, Random House, New York, 1989.

(3) Archives nationales US, dossier 995 000, boîte 6175, dépêche de George Barrett, 8 février 1951.

(4) Archives nationales, RG338, dossier KMAG, boîte 5418, journal KMAG, entrées des 6, 16, 20 et 26 août 1950.

(5) The New York Times, 31 juillet, 2 août et 1er septembre 1950.

(6) Voir « Air War in Korea », dans Air University Quarterly Review 4, n° 2, automne 1950, pp. 19-40, et «Precision bombing », dans Air University Quartely review 4, n° 4, été 1951, pp. 58-65.

(7) Archives MacArthur, RG6, boîte 1, « Stratemeyer à MacArthur », 8 novembre 1950 ; Public Record Office, FO 317, pièce n° 84072, « Bouchier aux chefs d’état-major », 6 novembre 1950 ; pièce no 84073, 25 novembre 1959, sitrep.

(8) Bruce Cumings, The Origins of the Korean War, tome II, Princeton University Press, 1990, pp. 753-754 ; New York Times, 13 décembre 1950 et 3 janvier 1951.

(9) Newsweek, 24 mars 2003.

(10) The New York Times, 30 novembre et 1er décembre 1950.

(11) Hoyt Vandenberg Papers, boîte 86, Stratemeyer à Vandenberg, 30 novembre 1950 ; LeMay à Vandenberg, 2 décembre 1950. Voir aussi Richard Rhodes, Dark Sun : The Making of the Hydrogen Bomb,1955, pp. 444-446.

(12) Bruce Cumings, op. cit., p. 750. Charles Willoughby Papers, boîte 8, interviews par Bob Considine et Jim Lucas en 1954 parus dans le New York Times, 9 avril 1964.

(13) Carroll Quigley, Tragedy and Hope : A History of the World in Our Time, MacMillan, New York, 1966, p. 875. C. Quigley fut le professeur préféré de William Clinton à Georgetown University. Voir aussi B. Cumings, op. cit., p. 750.

(14) Les documents rendus publics après l’effondrement de l’Union soviétique ne semblent pas corroborer cette information. Selon les historiens, les Soviétiques ne déployèrent pas une force aérienne de cette importance à l’époque, contrairement à ce que pensaient les services de renseignement – en raison peut-être d’une désinformation efficace de la part des Chinois.

(15) Il ne s’agissait pas d’utiliser des armes nucléaires dites tactiques, non encore disponibles en 1951, mais d’utiliser les Mark IV tactiquement dans les combats, comme les bombes classiques larguées par les B-29 avaient été utilisées dans les combats depuis fin août 1950.

(16) Samuel Cohen était un ami d’enfance d’Herman Kahn. Voir Fred Kaplan, The Wizards of the Armageddon, Simon & Schuster, New York, 1983, p. 220. Sur Oppenheimer et le projet Vista, voir B. Cumings, op. cit., pp. 751-752, David C. Elliot, « Project Vista and Nuclear Weapons in Europe », dans International Security 2, no 1, été 1986, pp. 163-183.

(17) Conrad Crane, American Airpower Strategy in Korea, University Press of Kansas, Lawrence, 2000, pp. 168-169.

(18) Jon Halliday et Bruce Cumings, Korea : The Unknown War, Pantheon Books, New York, 1988, p. 166.

(19) John Foster Dulles Papers, histoire orale Curtis LeMay, 28 avril 1966.

Bruce Cumings –  Professeur d’histoire à l’université de Chicago ; auteur de Parallax Visions : Making Sense of American-East Asian Relations, Duke University Press, Londres, 1999 et de North Korea, Another Country, The New Press, New York, 2004.

Source : Association d’amitié franco-coréenne, 24-06-2010


“bombardement au napalm d’un village près de Hanchon, Corée du Nord, le 10 mai 1951. L’utilisation du napalm sur des villages est devenue plus tard tristement célèbre au Viêt-Nam, mais beaucoup plus a été larguées sur la Corée du Nord. (Photo : AP)”


Bombardement des États-Unis du port de Wonsan en 1951. Saturation américaine bombardant les 18 aplanies de 22 villes de la Corée du Nord, un niveau inégal de destruction dans les guerres modernes. (Photo : Ministère de la Défense américain)


Bombardier B-29 US en mission, juillet 1950.© Roger-Viollet

Note : Voir aussi : Strategic Air Warfare : An Interview with Generals Curtis E. LeMay, Leon W. Johnson, David A. Burchinal, and Jack J. Catton

d’où est tirée p.88 cette déclaration de Curtis LeMay “Over a period of three years or so we killed off – what – twenty percent of the population of Korea.”. “Sur une période d’environ 3 ans, nous avons tué – disons – vingt pourcents de la population de Corée”. Aujourd’hui, les historiens penchent plutôt pour un bilan total au moins du tiers de ses 8 à 9 millions d’habitants de l’époque (Source).
Voir aussi Richard Rhodes, “The General and World War III,” The New Yorker, June 19, 1995, p. 53.

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