samedi 22 avril 2017

Trump : la petite frappe-tweet !

Trump : la petite frappe-tweet !
Par Richard Labévière, le 14 avril 2017 - Investig'action



On parle toujours de « frappes » pour qualifier les bombardements que les pays occidentaux n’ont cessé de multiplier, un peu partout, depuis la fin de la Guerre froide, mais on continue à dire « bombardements » lorsque la Russie et ses alliés ont l’arrogance de faire de même… Pour le coup, c’est bien une « frappe » contre une base aérienne syrienne que le président américain Donald Trump a ordonné dans la nuit du 6 au vendredi 7 avril dernier. Cette décision, qui marque un spectaculaire revirement de la communication trumpienne, intervient deux jours après un « événement » chimique survenu dans la localité de Khan Cheikhoun, aussitôt imputé à l’armée syrienne. A l’aune de cette précipitation de l’homme le plus puissant de la planète qui  tweete plus vite que son ombre, prochetmoyen-orient.ch vous propose cette semaine un Editorient à quatre mains, celles de Richard Labévière puis de Guillaume Berlat

De sources militaires autorisées, nous pouvons confirmer que Washington a bien averti Moscou du choix de sa cible syrienne et du créneau horaire de son opération. Les militaires russes auraient alors aussitôt affranchi leurs alliés syriens ayant pu ainsi évacuer l’essentiel de leurs matériels et de leurs personnels.

Vu le résultat de l’opération, les experts ajoutent que « la tête des 59 missiles engagés ont, sans doute, été allégées afin de restreindre leurs effets destructeurs ». Autrement dit, cette frappe-tweet relève davantage du simulacre et de la communication. Sur le fond de la guerre civilo-syrienne et du sort des populations civiles, elle ne change rien et ne règle rien. Son objectif est ailleurs…

Ailleurs : cet enchaînement d’événements précipités nous conduit à proposer six remarques. La plus immédiate, la première tombe sous le sens : vérité et signification des faits ? Dès l’annonce de « l’attaque chimique », nous avons consulté les meilleurs spécialistes français des armes chimiques, notamment plusieurs officiers supérieurs qui enseignent à l’Ecole de guerre. Constat unanime : trop tôt, trop vite, trop affirmatif pour conclure à une attaque aérienne délibérée à l’arme chimique ou au bombardement d’un site abritant des stocks de composants chimiques.

En cette matière, la procédure la plus rationnelle consiste à saisir les experts de l’OIAC (Organisation de l’interdiction des armes chimique)1, afin que celle-ci ouvre une enquête et remette ses conclusions au Conseil de sécurité des Nations unies. Ensuite, il revient à l’instance exécutive de l’ONU de décider s’il faut ou non recourir à l’article VII de la Charte des Nations unies pour autoriser ou non l’usage de la force. Par conséquent, notre premier constat est sans appel : la frappe-tweet du président des Etats-Unis est parfaitement illégale au regard du droit international, comme il est tout aussi hallucinant de voir la Grande Bretagne et la France – toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité – cautionner et applaudir ce bombardement-ingérence.

Notre deuxième remarque relève davantage de la phénoménologie qui caractérise et oriente l’air du temps. Monsieur Trump nous dit qu’il a pris sa décision de bombarder une base syrienne après avoir été bouleversé par les images qu’il a pu voir… La belle affaire ! Voilà qui n’est pas très rassurant d’apprendre que l’homme le plus puissant de la planète prend ses décisions en fonction d’images qu’il voit ou ne voit pas !

Rappelons seulement ce constat imparable de Guy Debord, dressé dans son maître-livre La Société du spectacle2 : « L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir… C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout ». Dans cette logique, s’il n’y pas d’image, il n’y a pas d’action, d’où la toute puissance des images ! A l’heure de la post-vérité, on met le pied dans toutes sortes de machineries, de simulacres, sinon de propagande.

Dans le genre « rien appris, rien oublié », Isabelle Lasserre du Figaro en remet une louche3 : « en août 1995, un obus de trop tiré par les forces serbes contre le marché de Markale à Sarajevo avait fait basculer la guerre de Bosnie ». L’auteur de ces lignes était sur place. Comme plusieurs confrères, il était alors arrivé aux mêmes conclusions qu’un rapport de l’ONU aussitôt enterré : le tir n’était pas serbe mais provenait bien d’une position bosniaque.

Triomphe de la société du spectacle : les milices bosniaques ciblaient délibérément leur propre population sur le marché de Markale – pour la deuxième fois – afin de faire « basculer » la communauté internationale de leur côté. Les précédents ne manquent pas, du « massacre » des enfants de Timisoara à l’enchaînement médiatisé des mensonges d’Etat sur les armes de destruction massive irakiennes et les liens inventés entre Saddam Hussein et Oussama Ben Laden. Effectivement : rien appris, rien oublié !

Troisième constat : la frappe-tweet de Donald Trump répond à une logique de Shérif. Celle-ci commande elle-même trois postures obligées : montrer ses « biscotos » – on est quand même la première puissance du monde, ne l’oubliez-pas ! – ; on agit seul de manière unilatérale et sans concertation avec personne ; enfin, on se dit prêt à recommencer ! Dans tous ces cas de figures de démonstration virile – destinée à flatter une base électorale qui attend et redemande ce genre de postures -, il s’agit de renouer avec un langage de force. Et sur ce point, il se pourrait bien que les commentateurs se soient largement fourvoyés : l’Amérique de Trump n’est pas isolationniste comme on le pense !

Elle veut incarner à nouveau l’hyperpuissance mondiale des années Reagan : l’Amérique est de retour et Trump veut montrer qu’il fait ce qu’Obama n’a pas eu le courage de faire en septembre 2013, après un « événement » chimique survenue dans la Ghouta (banlieue de Damas), également attribué à l’armée syrienne, même si depuis, plusieurs rapports des Nations unies l’ont contesté…

Malheureusement, ce come-back hollywoodien ne va pas réellement dans le sens d’une amélioration des choses, sinon d’un règlement de la guerre civilo-globale de Syrie. En effet, en quoi la frappe-tweet de Trump améliore-t-elle la situation de la population syrienne ? Il est à craindre qu’on s’achemine vers le même type de scénario en Corée du Nord !

Quatrième constat : et après ? Les rebelles salafos-jihadistes sont très contents et applaudissent des deux mains appelant de leurs vœux ces bombardements depuis plusieurs années. Ce n’est pas une surprise et l’on pourra relire avec le plus grand profit l’opuscule remarquable d’Arundhati Roy – Oussama Ben Laden, secret de famille de l’Amérique4 – dans lequel l’écrivaine indienne nous rappelle comment et pourquoi les Etats-Unis ont joué et continuent de jouer la carte de l’Islam radical afin de promouvoir leurs intérêts économiques dans le monde depuis la signature avec l’Arabie saoudite du Pacte du Quincy (13 février 1945). En effet, Washington a toujours favorisé le développement et l’expansion du wahhabisme et de l’idéologie des Frères musulmans – les deux matrices idéologiques du terrorisme islamiste contemporain -, alliés essentiels du redéploiement des intérêts américains, non seulement aux Proche et Moyen-Orient, mais aussi en Asie, en Afrique, ainsi qu’en Europe. Washington continue à vouloir la destruction des régimes qui ne leur sont pas favorables !

Cinquième constant : le résultat de la frappe-tweet est bien de créer les conditions préoccupantes d’une escalade avec la Russie qui ne pourra pas ne pas réagir. Vladimir Poutine, qui a tellement investi dans le nouveau glacis russe au Proche-Orient, a aussitôt fait interrompre la coordination militaire qui prévalait jusqu’à maintenant entre planificateurs américains et russes concernant les opérations engagées en Syrie !

Moscou a également rappelé que l’aéroport ciblé était celui qui servait à monter les opérations les plus décisives contre l’organisation « Etat islamique » et que c’est en décollant de sa piste que les avions syriens avaient pu appuyer la reprise du site historique de Palmyre.

A l’évidence, Washington ne veut pas s’entendre avec Moscou sur les priorités et les modes d’action de la lutte anti-terroriste. Bien au contraire, le dernier attentat commis à Saint-Pétersbourg renforcera la détermination de Moscou à éradiquer le terrorisme jihadiste en Syrie, pour éviter qu’il ne contamine de nouveau l’ensemble du Caucase. Les intérêts de Moscou et de Washington sont, depuis le départ, parfaitement contradictoires et, si ce n’est déjà le cas, pourraient générer une nouvelle Guerre froide toute aussi dangereuse que la précédente.

Et pour faire bonne mesure, Trump a affirmé s’être adressé « à toutes les nations civilisées pour stopper le massacre en Syrie… » Dans le genre « civilisé », le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en a profité pour se réjouir de la frappe-tweet, estimant qu’elle constitue un bon avertissement à l’Iran…

Vieille petite musique des deux mandats de Georges W. Bush : le bien contre le mal, la civilisation contre la barbarie, ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ! Totalement inadaptée à la complexité du monde, cette dualité puérile n’a pas atténué la menace terroriste : elle l’a confortée, aggravée et installée au cœur même des mécanismes de la mondialisation économique et stratégique5.

Enfin, sixième constat : la petite frappe-tweet de Donald Trump remet l’Amérique dans les tendances lourdes de son immuable logique : la fabrique d’un ennemi garant de la reproduction de ses intérêts. Le 11 novembre 2016, prochetmoyen-orient.ch écrivait : Trump, tout changer pour que rien ne change ! La frappe-tweet de Trump rompt avec l’une des intentions de campagne du nouveau président des Etats-Unis : tendre la main à la Russie de Poutine ! A l’époque cette orientation avait fait aussitôt chuter la bourse et flipper nombre de cadres du complexe militaro-industriel américain, parce qu’après l’effondrement du bloc soviétique, la fabrication d’un nouvel ennemi double – le terrorisme et la Russie de Poutine – garantit des millions d’emplois et des milliards d’investissements et de profits.

« Nous assistons à la néo-militarisation de l’économie et à la privatisation du warfare auxquelles donne lieu l’économie de guerre à durée indéfinie de la Guerre froide. C’est la clé de ‘la puissance pour le long terme’ : Private business must run the Cold War’s business. Et pour parler encore la langue des vainqueurs qui n’écrivent pas l’histoire sans donner aussi leurs intitulés à de nouvelles ‘sciences’ : pas de logistique du business (business logistics) sans le business de la logistique, de la militarisation intensive de la société de contrôle par la consommation »6. En effet, il était inconcevable pour beaucoup de milieux d’affaires américains que Donald Trump puisse tendre la main à Vladimir Poutine. Au-delà de toutes considérations politiques et morales, la pérennisation du vieil ennemi russe reste une nécessité absolue de la poursuite des affaires. Par conséquent, on ne peut parler normalement avec Moscou au risque de désespérer Wall Street, la City et les lobbies de Bruxelles.

Enfin et pour ne pas conclure : comment ne pas songer à la dernière bavure très meurtrière de Mossoul, aux victimes collatérales des drones américains qui confondent fêtes de mariage et rassemblements terroristes ? Comment ne pas brandir aussi les autres centaines de victimes innocentes d’un Yémen bombardé tous les jours par la chasse saoudienne avec l’aide des radars, des drones et du ravitaillement américains ? Les images sont-elles parvenues au président Trump tellement émotif qu’il en oublie de se rappeler ce qu’a pu faire l’armée de son pays en tuant des femmes et des enfants : au Chili, en Argentine, en Colombie, à la Grenade, à Panama-City, à Belgrade, en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Libye et ailleurs ?

Dans ce contexte d’une frappe-tweet désastreuse, comment aussi ne pas être admiratif de ce qu’essaient de faire les Nations unies et son courageux représentant spécial à Genève Staffan de Mistura ? Oui, et n’en déplaise aux journalistes pressés et/ou ignorants, l’ONU cherche une sortie de crise en Syrie, assumant ainsi le travail diplomatique le plus difficile du monde pour mettre fin à un conflit civilo-global dont dépend l’instauration d’un nouveau Yalta – qui conditionnera les relations internationales pour les prochaines décennies. Oui, merci à vous Staffan de Mistura et à votre équipe, grand merci et soyez assurés du soutien des êtres libres qui connaissent bien la Syrie et le fonctionnement des Nations unies !

On ne saurait refermer ces lignes sans adresser un coup de chapeau à nos confrères de La Stampa – ils nous changent des chiens de garde de la presse parisienne – qui, au lendemain de l’ « événement » chimique de Khan Cheikhoun ont osé poser la bonne question : dans le contexte actuel qui leur est particulièrement favorable, pourquoi les autorités syriennes auraient-elles eu recours – maintenant – à l’arme chimique ? Pourquoi les responsables syriens auraient-ils délibérément fragilisé leurs dernières reconquêtes territoriales et les avancées diplomatiques d’Astana et de Genève ? Autrement dit, à qui profite ce dernier « événement » chimique ? On peut douter que ce soit au gouvernement syrien !

* * *

« L'attaque neurotoxique qui n'a pas eu lieu » rapport de T. Postol du 18 avril 2017 sur Khan Cheikhoun
Par Caroline Galactéros, le 20 avril 2017 - Bouger les lignes


Trajectoire postulée du nuage de sarin depuis l'emplacement présumé de l'attaque.

La semaine dernière nous partagions une première analyse de Theodore Postol, professeur émérite en Sciences, Technologie et Sécurité nationale au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui contestait le rapport déclassifié de la Maison Blanche paru le 11 avril. Il avait depuis augmenté son analyse d’un addendum et d’une nouvelle note réalisée à partir d’une vidéo.

Son dernier rapport vient de paraître le 18 avril et s’intitule « L’attaque neurotoxique qui n’a pas eu lieu: analyse de l’heure et des emplacements des événements importants de l’attaque neurotoxique présumée de Khan Cheikhoun en Syrie, le 4 avril 2017 à 07h00 »

Comme son nom l’indique, cette analyse se fonde cette fois-ci, sur l’étude des données spatiales (lieu de dispersion présumé du gaz et trajectoire du nuage ; lieu habité sur cette trajectoire ; lieu où se trouve les victimes sur les vidéos) et temporelles (heure présumée de l’attaque ; heure sur les vidéos) réalisées à partir des allégations du rapport de la Maison Blanche et des différentes vidéos en circulation depuis. Les conclusions de ces trois précédents rapports sont à nouveau confirmées : la Maison Blanche aurait produit un rapport de renseignement erroné et mensonger. Mais cette fois-ci le constat est sans appel : « l’emplacement présumé de dispersion du gaz sarin à l’origine de l’attaque chimique du 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun n’est pas celui d’une attaque neurotoxique. »

Je vous propose ci-dessous la traduction en français de l’introduction et du commentaire final de ce document (les passages en gras sont à mon initiative).

« Introduction »

« Cette analyse contient une description détaillée de l’heure et des emplacements de l’attaque neurotoxique présumée du 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun en Syrie – en supposant que le rapport de renseignement de la Maison Blanche [White House Report (WHR)] publié le 11 avril 2017 identifie correctement le site présumé à partir duquel le gaz sarin se serait répandu.

Les analyses ayant recours aux données météorologiques à l’heure de l’attaque montrent qu’un petit hameau situé à environ 300 mètres à l’est du cratère ne peut être que le seul emplacement touché par la dispersion présumée de la neurotoxine. Ce hameau est séparé du site présumé de dispersion (un cratère) par un openfield [« champ ouvert »]. A l’heure de la dispersion, les vents auraient initialement emporté le gaz au-dessus de l’openfield. Derrière le hameau se trouve un espace ouvert important, et le nuage de sarin aurait dû traverser une longue distance supplémentaire pour l’atteindre et se serait dissiper avant d’arriver à un autre lieu habité.

Une vidéo enregistrée le 4 avril montre que le lieu où les victimes ont été prétendument traitées suite à leur exposition au sarin ne concorde pas avec le seul terrain dégagé du hameau qui aurait pu servir à l’assistance médicale d’un nombre important de victimes. Cela indique que les scènes filmées dans lesquelles de nombreuses victimes, décédées ou agonisantes, sont aléatoirement allongées au sol ne se situe pas dans le hameau. Si l’emplacement où gisent les corps est plutôt un lieu où ont été acheminés les morts et les blessés pour traitement, il est alors difficile de comprendre pourquoi les victimes ont été éparpillées aléatoirement sur le sol et dans la boue, comme le montre ntles vidéos.

Les conclusions de ce bref résumé sont évidentes : l’attaque neurotoxique décrite dans le WHR n’a pas eu lieu comme il l’est indiqué. Il y a certes pu y avoir de nombreuses victimes en lien avec un quelconque empoisonnement, mais cet événement n’est pas celui décrit par le WHR. Les résultats de ces analyses peuvent servir deux objectifs :

Montrer exactement ce qui doit être établi dans une enquête internationale sur cette atrocité présumée. Surtout si une telle enquête peut établir où les victimes de l’attaque neurotoxique résidaient, ce qui viendrait également confirmer que les résultats rapportés par le WHR ne sont pas compatibles avec les données qu’il cite à l’appui de ses conclusions.

Établir également que le WHR n’a pas eu recours aux procédures élémentaires et largement établies d’analyse des renseignements pour tirer ses conclusions. »

Cela soulève des questions troublantes sur la manière dont les dirigeants politiques et militaires américains ont établi que le gouvernement syrien était responsable de cette attaque présumée. Il est préoccupant que le WHR se présente lui-même comme un rapport dont les résultats sont d’un « haut degré de fiabilité », et que de nombreux officiels haut placés dans le gouvernement américain aient affirmé leur confiance dans l’exactitude du rapport et son degré de fiabilité. »

« Commentaire final »

« Cet abrégé des faits a été entièrement réalisé à partir de connaissances scientifiques de base, de témoignages vidéo, et d’une méthode d’analyse éprouvée. Cela démontre sans aucun doute que l’emplacement présumé de dispersion du gaz sarin à l’origine de l’attaque chimique du 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun n’est pas celui d’une attaque neurotoxique.

Cela démontre aussi, sans l’ombre d’un doute, que le seul emplacement où auraient pu se trouver les nombreuses victimes de cette attaque de masse n’a aucun lien avec ceux qui sont montrés dans la vidéo comme résultant d’un empoisonnement de quelque nature que ce soit à Khan Cheikhoun.

Cela signifie que le rapport de renseignements de la Maison Blanche, d’un prétendument « haut degré de fiabilité », réalisé le 11 avril et concluant que le gouvernement syrien est responsable de l’attaque, est inexact. Pour qu’un tel rapport soit erroné de manière aussi flagrante, manifestement aucune des méthodes les plus élémentaires et établies pour déterminer la véracité des résultats n’a dû être appliquée.

Depuis qu’ils ont justifié l’attaque d’une base aérienne syrienne le 7 avril, soit quatre jours avant que le rapport biaisé du Conseil de sécurité national américain ne soit révélé au Congrès et au public, il ressort en conclusion que les États-Unis ont entrepris des actions militaires sans avoir les renseignements à l’appui de leur décision.

Plus encore, il est clair que le WHR n’est pas un rapport de renseignements.

Aucun professionnel compétent du renseignement n’aurait fait autant de fausses déclarations qui soient en totale contradiction avec les preuves. Aucun professionnel compétent du renseignement n’aurait accepté les résultats de l’analyse du WHR après avoir examiné les données présentées ci-joint. Aucun professionnel compétent du renseignement n’aurait pu porter l’évaluation concernant le cratère, alors que celui-ci a été altéré, dans les termes utilisés dans le WHR.

Même s’il est impossible d’évaluer techniquement les raisons de l’amateurisme flagrant de ce rapport, on ne peut exclure qu’il ait été élaboré pour dissimuler des informations sensibles au Congrès et au public. »

Je vous propose pour finir de retrouver toutes les analyses de T. Postol sur les attaques chimiques de la Goutha et Khan Cheikoun, ainsi que le célèbre article de Seymour Hersh « The Red Line and the Rat Line » paru en 2014 :

Rapport du MIT sur l'attaque chimique de la Goutha : « Possible Implications of Faulty US Technical Intelligence in the Damascus Nerve Agent Attack of August 21, 2013 »

Analyse du rapport de la Maison Blanche sur Khan Cheikhoun « A Quick Turnaround Assessment of the White House Intelligence Report Issued on April 11, 2017  About the Nerve Agent Attack in Khan Shaykhun, Syria » (disponible en français sur Les Crises)

Addendum au Quick Turnaround : « Addendum to A Quick Turnaround Assessment of the White House Intelligence Report Issued on April 11, 2017 About the Nerve Agent Attack in Khan Shaykhun, Syria »

Seconde analyse sur l'attaque chimique de Khan Cheikhoun « Video Evidence of False Claims Made in the White House Intelligence Report of April 11, 2017 »

Troisième analyse sur l'attaque chimique de Khan Cheikhoun « The Nerve Agent Attack that Did Not Occur: Analysis of the Times and Locations of Critical Events in the Alleged Nerve Agent Attack at 7 AM on April 4, 2017 in Khan Sheikhoun, Syria »

Article de S. Hersh : « The Red Line and the Rat Line »

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