mardi 30 août 2016

Qui parle dans le Coran ?



Cultures d'islam par Abdennour Bidar
Qui parle dans le Coran ?
avec Patrick Mégarbané, écrivain d’origine syrienne, ancien élève de Polytechnique et de la Sorbonne.
A propos de son livre Le Livre descendu, Essai d'exégèse coranique, Ed, Book on Demand, 2015
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L'orthodoxie de lecture a fait de Mohammed le transmetteur passif de la parole incréée du locuteur divin. Contre cette simplification, Patrick Mégarbané vient nous faire entendre aujourd'hui un autre texte infiniment plus complexe - parcouru en réalité par une antinomie qui, comme toute antinomie qui se respecte, débouche sur une aporie. 

Entre locuteur divin et locuteur humain, entre parole de Dieu et voix du Prophète, mais aussi entre représentation d'une action humaine captive du vouloir divin et affirmation d'une vraie liberté de l'homme, la lettre même du texte sacré hésite et ne tranche jamais, laissant chacun de ses lecteurs courageux prendre la responsabilité personnelle d'un théisme ou d'un athéisme.

A propos de : Le Livre Descendu

Prolongeant un travail d’exégèse entrepris sur les grands textes poétiques arabes, l’auteur développe dans Le livre descendu une lecture audacieuse du coran, loin des discours convenus et de l’essentialisme dans lequel se sont enferrées les études contemporaines. L’interprétation proposée est établie sur des bases critiques et littérales, dans le strict respect de la matérialité du texte coranique. Elle trouve corroboration dans les œuvres et le témoignage de vie des deux plus grands poètes arabes, et obtient par là-même la caution d’une tradition musulmane absolument incontestable. Ce lien avait été repéré et en partie explicité dans les ouvrages récents que l’auteur a consacrés aux poètes al-Mutanabbî (915-965) et al-Ma‛arrî (973-1057).

L’essai commence par exposer un certain nombre de dimensions structurantes – restées aujourd’hui incomprises – de la prédication arabe, avant de s’atteler au problème du mal qui en constitue l’horizon d’interrogation sous-jacent. Ce premier volume a vocation à être complémenté par deux autres volets.

À quoi aboutit un tel travail ? Il permet déjà de mettre à nu la redoutable complexité du texte coranique, de dévoiler ses jeux de langage, sa logique fragmentaire, sa rhétorique polyvoque, ses raffinements sémantiques, ses formulations amphibologiques, ses accents subtilement ironiques, bref, de redécouvrir une parole paradoxale et profuse que les lectures essentialistes avaient pris soin de recouvrir, de réduire et finalement de trahir. C’est donc à une compréhension iconoclaste et radicalement nouvelle de l’œuvre que l’on aboutit, à une compréhension substantiellement plus puissante et très différente de ce que professent les lectures islamiques ou orientalistes actuelles.

La complexité du problème et l’ampleur de ce qui est remis en cause rendent toute tentative de récapitulation difficile. Le plus étonnant, toutefois, sera de découvrir que l’effort rigoureux de littéralité et l’écoute de la tradition arabe la mieux reconnue rejoignent en fin de compte la modernité la plus audacieuse. Disons à ce sujet que si les interprétations actuelles du coran donnent lieu à une pratique légaliste et dogmatique de la religion, la conception que l’auteur s’efforce de retrouver irait de pair avec un témoignage supra-éthique de la foi. L'islam réapparaîtrait alors pour ce qu'il avait été peut-être dès l'origine, une foi qui dénonce toutes les formes d’idolâtrie et ne trouve d’expression possible que dans un engagement tragique, libérateur et créatif.
Source : FC

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