lundi 9 juillet 2012

Frithjof Schuon ou Aïssa Nourredine Ahmad


Frithjof Schuon naît à Bâle le 18 juin 1907 (-1998, Bloomington, USA). Très jeune, il perdra son père, violoniste, originaire du Wurtemberg, et passera son enfance et son adolescence à Mulhouse avec sa mère, alsacienne. À la suite du traité de Versailles, en 1919, il obtient la nationalité française. Étudiant à Bâle, Frithjof Schuon a pour condisciple Titus Burckhardt, le futur auteur des Principes et méthodes de l'art sacré et de l' Introduction aux doctrines ésotériques de l'Islam. Dès ce moment, Schuon s'intéresse aux arts et aux civilisations de l'Orient, en particulier la peinture du Japon. Il lit et médite Platon, Eckhart, la Bhagavad-Gîtâ.

En 1930-1932, il travaille à Paris comme dessinateur d'art, tout en étudiant l'arabe à la mosquée de cette ville. Il quitte son catholicisme d'origine et devient le disciple du sheikh Al-Alawî, à Mostaganem. Il sera initié dans la voie soufie, la tariqah al-Alawiyah, alors que ne lui était pas encore parvenue la réponse de René Guénon à sa question : quelle voie suivre ?, Guénon devant lui recommander précisément cette tariqah.

Schuon collabore à partir de 1933 au Voile d'Isis – plus tard, Etudes Traditionnelles – et devient le représentant (moqqadem) en Europe du sheikh Al-Alawî. Lui-même, désormais sheikh Aïssa Nourredine Ahmad, a pour disciples Titus Burckhardt. Michel Vâlsan, plusieurs autres. Il voyage en Orient, et, sur la route de l'Inde en 1938. rend visite, au Caire, à René Guénon. À peine arrivé en Inde, les débuts de la Seconde Guerre mondiale l'obligent à rentrer. Mobilisé, prisonnier des Allemands, Frithjof Schuon s'évade et gagne la Suisse.
1948 voit paraître son premier livre, De l'Unité transcendante des religions, dont le chapitre sur les « mystères christiques » occasionne un grave désaccord avec Guénon. De nombreux ouvrages suivront, consacrés à la métaphysique, à l'ésotérisme et à l'étude comparative des grandes traditions spirituelles, dont Forme et Substance dans les religions (1975), L'Ésotérisme comme principe et comme voie (1978), sans parler d'abondants inédits et d'une œuvre picturale.
Frithjof Schuon épouse en 1949 Catherine Feer et obtient la nationalité helvétique. Il découvre peu après les Indiens d'Amérique du Nord, rencontre Thomas Yellowtail, un medecine-man, chef important dans la religion de la Danse du Soleil. En 1959, puis en 1963, Schuon séjourne chez les Crows et les Sioux, est adopté par la tribu des Dakota et leur chef Nuage rouge, reçoit les noms d'Aigle vaillant et d'Étoile resplendissante.
Installé à Pully, sur les bords du lac Léman, Frithjof Schuon y vivra quarante ans, avant de retourner, définitivement cette fois, aux États-Unis, à Bloomington (Illinois). (...)
Extrait de : Jean Biès, Les Grands Initiés du XXe siècle, Ed. Oxus, 2005.
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Source (et suite) du texte : nous les dieux
Autre biographie : wikipedia / frithjof schuon / moncelon 


Bibliographie (en français) :
- Méditations primordiale, trad. 2008
- De Quelques aspects de l'Islam, Ed. Chacornac, 1935
- De l'Unité transcendante des religions, Gallimard, 1948 / Le Seuil, 1979.
- L'Oil du Cœur, Gallimard, 1950 / L'Âge d'Homme, 1995.
- Perspectives spirituelles et faits humains, Cahiers du Sud, 1953.
- Sentiers de Gnose, La Colombe, 1957 / La Place Royale, 1996.
- Castes et Races, Ed. Derain, 1957, Ed. Archè, 1979
- Les Stations de la Sagesse, Ed. Buchet Chastel, 1958, Ed. Maisonneuve & Larose, 1992
- Images de l'Esprit, Ed. Flammarion, 1961, Ed. Courrier du Livre, 1982.
- Comprendre l'Islam, Gallimard, 1961 / Le Seuil, 1980.
- Regard sur les Mondes anciens, Ed. Traditionnelles, 1968, Ed. Nataraj, 1997.
- Logique et Transcendance, Éditions traditionnelles, 1970 / 1982.
- Forme et substance dans les religions, Dervy, 1975.
- L'Ésotérisme comme principe et comme voie, Dervy, 1978.
- Le Soufisme, voile et quintessence, Dervy, 1980.
- Christianisme/Islam : vision d'oecuménisme ésotérique, Ed. Archè, 1981.
- Du Divin à l'humain, Le Courrier du Livre, 1981.
- Sur les Traces de la Religion pérenne, Ed. Le Courrier du Livre, 1982.
- Approche du phénomène religieux, Ed. Le Courrier du Livre, 1984.
- Résumé de métaphysique intégrale, Ed. Le Courrier du Livre, 1985.
- Avoir un Centre, Ed. Maisonneuve & Larose, 1988.
- Racines de la condition humaine, La Table Ronde, 1990.
- Les Perles du Pèlerin, Ed. Seuil, 1991.
- Le Jeu des Masques, Ed. L'Age d'Homme, 1995.
- La Transfiguration de l'homme, Ed. L'Âge d'Homme, 1995.
- Trésors du bouddhisme, Ed. Nataraj, 1997.
- Le Soleil à plumes, Art et philosophie des Indiens des plaines, Ed. Nataraj, 1998.
Articles : voir frithjof schuon
En ligne :
Site dédié : frithjof schuon / sophia perennis / vidéos
Article sur René Guénon : scribd (voir encarté plus bas)
Interview par Jean Biès : scribd



Peinture de F. Schuon

Pour en revenir au principal sujet que nous nous proposons de traiter dans ce livre, nous insisterons sur ce que l'unité des religions, ou plus généralement des formes traditionnelles, non seulement n'est pas réalisable sur le plan extérieur, celui des formes, mais ne doit même pas être réalisée, à supposer que ce soit possible, sur ce plan, sans quoi les formes révélées seraient dépourvues de raison suffisante, dire qu'elles sont révélées, c'est dire qu'elles sont voulues par le Verbe divin. Si nous parlons d'"unité transcendante", nous voulons dire par là que l'unité des formes traditionnelles, qu'elles soient de nature religieuse ou supra-religieuse, doit être réalisée d'une façon purement intérieur et spirituelle, et sans trahison d'aucune forme particulière. Les antagonismes de ces formes ne portent pas plus atteinte à la Vérité une et universelle que les antagonisme entre les couleurs opposées ne portent atteinte à la transmission de la lumière une et incolore, pour reprendre notre image de tout à l'heure, et de même que toute couleur, par sa négation de l'obscurité et son affirmation de la lumière, permet de retrouver le rayon qui la rend visible et de remontrer ce rayon jusqu'à sa source lumineuse, de même toute forme, tout symbole, toute religion, tout dogme, par sa négation de l'erreur et son affirmation de la Vérité, permet de remonter le rayon de la Révélation, qui n'est autre que celui de l'Intellect, jusqu'à sa Source divine. (Fin de la Préface)

Des dimensions conceptuelles.
La compréhension véritable et intégrale d'une idée dépasse de beaucoup le premier assentiment de l'intelligence, assentiment qui est pris le plus souvent pour la compréhension comme telle, or, s'il est vrai que l'évidence que comporte pour nous une idée est réellement, à son degré, une compréhension, il ne saurait cependant s'agir là de toute l'étendue de celle-ci ou de son achèvement, car cette évidence est surtout, pour nous, la marque d'une aptitude à comprendre intégralement cette idée. Une vérité, en effet, peut être comprise à différents degrés et selon une indéfinité de modalités qui correspondent aux aspects, également e nombre indéfini, de la vérité, c'est-à-dire à tous ses aspects possibles, cette façon d'envisager l'idée nous amène, en somme, à la question de la réalisation spirituelle dont les expressions doctrinales illustrent bien l'"indéfinité dimensionnelle" de la conception théorique. (...)
Pour en revenir à ce que nous disions de la compréhension des idées, nous pourrions comparer une notion théorique à la vision d'un objet : de même que cette vision ne révèle pas tous les aspects possibles, c'est-à-dire en somme la nature intégrale de l'objet dont la parfaite connaissance ne serait autre que l'identité avec lui, de même une notion théorique ne répond pas elle-même à la vérité intégrale dont elle ne suggère forcément qu'un aspect, essentiel ou non, l'erreur, elle, correspond, dans cet exemple, à une vision inadéquate de l'objet, tandis que la conception dogmatisante serait comparable à la vision exclusive d'un seul aspect de cet objet qui supposerait l'immobilité du sujet voyant, quant à la conception spéculative, donc intellectuellement illimitée, elle serait ici comparable à l'ensemble indéfini des différentes visions de l'objet envisagé, visions qui présupposeraient la faculté de déplacement ou de changement de point de vue du sujet, donc un certain mode d'identité avec les dimensions de l'espace qui, elles, révèlent précisément la nature intégrale de l'objet, du moins sous le rapport de la forme qui seule est en cause dans notre exemple. (...)
Extraits de : De L'unité transcendante des religions (ouvrage épuisé)

Il est trop évident que nous n'avons pas à demander à la logique ce qu'elle ne peut nous fournir, là ou elle ne s'applique plus, intervient le symbolisme, bien des choses que la logique ne peut exprimer d'une manière satisfaisante, le symbolisme peut les suggérer efficacement. (...)
L'inexprimable est ce qui peut être cerné de plus ou moins près de mille façon différentes sans jamais pouvoir être touché au centre. C'est ce que suggère la spirale à mouvement centripète qui progresse indéfiniment vers un centre jamais atteint, mais saisissable - en parlant maintenant de la réalité symbolisée - par une intellection qui, précisément, est ineffable comme son contenu. 

Extrait de : Logique et Transcendance, Evidence et Mystère

La beauté, même celle d'un simple objet, d'une modeste fleur ou d'un flocon de neige, suggère tout un monde, elle libère, tandis que la laideur comme telle emprisonne, nous disons "comme telle", car des compensations peuvent toujours la neutraliser, de même que, inversement, la beauté peut, en fait, perdre tout son prestige. Dans les conditions normales, la beauté évoque à la fois l'illimitation et l'équilibre de possibilités concordantes, elle évoque ainsi l'Infini, et par là, d'une manière plus immédiatement tangible, la noblesse et la générosité qui en dérivent : la noblesse qui dédaigne et la générosité qui prodigue. Il n'y a dans la beauté comme telle rien de mesquin, il n'y a en elle ni agitation ni avarice, ni aucune crispation d'aucune sorte.
Extrait de : Logique et Transcendance, Vérités et erreurs sur la beauté
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