mardi 22 février 2011

Bassui Tokushō


Bassui Tokusho (1327-1387) est né dans la préfecture de Kanagawa au Japon dans une période trouble proche de la guerre civile. Mécontent de la pratique du zen de son époque, les uns étant, selon lui, trop attaché aux formes (rituel et dogme) et les autres à leur absence, il cherchera à le revitaliser.
On raconte qu'à sa naissance sa mère l'abandonna dans un champs, suite à un rêve qu'elle eut au cours de sa grossesse, prédisant que son enfant sera un démon. Mais un serviteur alla ensuite le rechercher. Peut-être que cet abandon faisait partie d'un rite de purification.
Dès son enfance Bassui se posait de nombreuses questions comme de savoir qui était celui qui entendait ou comprenait. Il poursuivra ce style d'enquête tout au long de sa vie.
A vingt il suivit une formation dans le temple de Jifukuji, pour finalement, au bout de neuf ans, se faire moine mais il refusera de porter la robe et de réciter des sûtras, préférant la simple méditation. Suite à quoi il alla trouver un ermite du nom de Tokukei, qui résidait dans les montagne, avec lequel il noua une solide amitié. Il vécut ensuite dans différents ermitages, mais rencontra aussi un maître de haïku, Jakushito Genko, dans le temple de Eigenji. Lui-même sera amené à fonder son propre temple à Enzan, au pied du Mont Fuji, appelé Kogakuan, où il vécut et enseigna le reste de sa vie.
Juste avant de mourir en position zazen, Bassui se retourna vers ses disciple et s'écria :
"Regardez droit devant vous. Qu'y a-t-il ? Si vous le voyez tel que c'est, vous ne serez jamais dans l'erreur".
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :
- Le sermon de Bassui sur le Ze, trad. de Masumi Shibata. Ed. Maisonneuve et Larose.


A sept ans, Bassui commença à donner des signes de sa sensibilité d’esprit. Au cours d’un service religieux dédié à son défunt père, il demanda au prêtre qui officiait : « pour qui sont ces offrandes de riz, de gâteaux et de fruits ? » « Pour ton père, bien sûr », dit le prêtre. « Mais mon père n’a plus ni corps ni forme. Comment pourrait-il les manger ? » Le prêtre répondit : « Bien qu’il n’ait plus de corps visible, son âme recevra ces offrandes. » Sur quoi l’enfant dit : « S’il existe une chose telle qu’une âme, je dois en posséder une dans mon corps. A quoi ressemble-t-elle ? »
… Une intense et incessante interrogation (…) se poursuivait jusqu’à sa maturité — et jusqu’à son illumination.
A dix ans, nous dit-il, il était souvent éveillé par d’éblouissant éclairs de lumière qui illuminaient sa chambre, suivis par une obscurité oppressante…
… Sans cesse il se demandait : « Si, après la mort, l’âme connaît les souffrances de l’enfer ou les délices du paradis, quelle est sa nature ? Mais s’il n’y a pas d’âme, qu’est-ce qui en moi, à cet instant précis, voit et entend ? » Son biographe rapporte que Bassui passait souvent des heures à « repasser » cette question, dans un tel état d’oubli de soi-même, qu’il oubliait qu’il avait un corps et un esprit. Au cours d’une de ses méditations, il compris soudain que la substance de toute chose est le vide et qu’il n’y a rien, en fin de compte, que l’on puisse appeler âme, corps, esprit. Cette compréhension le fit éclater de rire et il se sentit délivré de son corps et de esprit.
Pour savoir s’il s’agissait là d’un véritable satori, Bassui interrogea plusieurs moines réputés, mais aucun ne put lui fournir une réponse satisfaisante… « J’ai vu que le fondement de l’univers est le Vide, mais qu’est-ce que ce quelque chose, en moi, qui voit et entend ? »
… Au cours de ses voyages, Bassui rencontre enfin le maître de zen grâce à qui allait ouvrir complètement « l’œil de son esprit », Koho-Zanji… Un jour celui-ci, sentant que l’esprit de Bassui état mûr, lui demanda : « Qu’est-ce que le Mu de Joshu ? » Bassui répondit par ces vers :
Les montagnes et les rivières
L’herbe et les arbres
Manifestent également Mu.
… Bassui eut l’impression qu’il avait perdu la racine de sa vue, comme un tonneau dont on aurait arraché le fond. Il regagna sa hutte en pleurant, se sentant dépouillé de tout ce à quoi il avait cru jusqu’alors.
Source du texte : 3e Millénaire



Kogaku-ji

N’essayez pas d'empêcher les pensées de surgir, et ne vous attachez pas à celles qui ont surgi. Laissez-les apparaître et disparaître comme elles veulent, ne les combattez pas.
Il suffit que vous vous demandiez de tout cœur et sans relâche : « Qu'est-ce que mon propre Esprit ? »
J'insiste là-dessus parce que je veux vous mener à la réalisation du Soi. Si vous persistez à essayer de comprendre avec l’intellect ce qui est au-delà du domaine de l’intellect, vous êtes condamné à atteindre une impasse totalement décevante. Mais allez plus loin. Assis, debout, au travail ou en dormant, sondez sans répit les profondeurs de votre « moi » avec la question « Qu'est-ce que mon propre Esprit ? »
Ne craignez rien d'autre que de rater l’expérience de votre vraie nature. C'est ça la pratique zen.
Quand l'intensive interrogation enveloppera chaque millimètre de votre être et pénétrera au fin fond du fond, la question explosera soudain et la substance de l’esprit de Bouddha vous sera révélée exactement comme un miroir au fond d'une boîte offre son reflet une fois que la boîte est ouverte. La luminosité de cet esprit éclairera chaque coin d'un univers libre de toute imperfection...
Aucun mot ne peut exprimer la joie de ce moment.
Source du texte : Eveil impersonnel


Réponse à une lettre.
J'ai bien lu votre lettre. Je vous remercie d'avoir bien voulu me faire connaître le processus de votre chemin de la réflexion. Si je vous l'explique en détail dans ma réponse, vous l'interpréterez certainement mot à mot en faisant des conjectures, ce qui gênera votre avance. Regardez tout droit : " le Maître qui veut ainsi m'interroger "! Le Bouddha et les patriarches ont dit que cet Esprit est dès l'origine le Bouddha. Cependant Il devint comme un rêve ou un fantôme. Alors, qu'appelons-nous Esprit ou Bouddha en nous? Seulement interrogez-vous largement sur cet innommable et inconnaissable. D'ailleurs, lorsque nous réfléchissons à : " Quel est Celui qui maintenant lève les bras, meut ses jambes, prononce des paroles et entend les sons? ", nous arrivons au bout du chemin de la réflexion, des stratagèmes, il n'y a plus rien à faire. Au milieu de tout cela interrogez-vous de plus en plus en vous détachant des dénominations, des conjectures, en abandonnant des milliers de choses! Si votre volonté ne se dirige que vers cela, s'approfondissant jusqu'à l'extrême uniformément, vous ne manquerez pas l'Éveil. Lorsque vos pensées se concentrent quelques moments à l'intérieur de vous et qu'il n'y a rien dans votre coeur comme s'il était vide, vous ne devez pas prendre cela pour l'Éveil. A ce moment-là vous devez vous interroger de plus en plus sans provoquer aucune pensée : " Mon Esprit n'a aucune forme au sens où nous l'entendons, alors Qui est Celui qui entend le bruit de milliers de choses? " Si vous pouvez avancer jusqu'au bout, le vide sera brisé et votre Visage originel avant d'être né de vos parents apparaîtra. Ce sera semblable à un homme profondément endormi qui se réveille soudain et ses milliers de rêves se brisent en conséquence sur le moment. Parvenu à ce point rencontrez vite un bon clerc pour recevoir sa critique. Si vous ne parvenez pas à l'Éveil en cette vie, même au moment de la mort soyez uniquement sur le chemin de la réflexion comme un feu qui s'éteint, sans y mêler d'autre vigilance. Ainsi vous pourrez parvenir à l'Éveil dès la naissance à une vie prochaine. C'est ce qu'on dit plusieurs Anciens. Je suis désolé d'avoir ainsi relaté selon votre désir. Après avoir lu cela une fois, mettez-le tout de suite au feu. Ne le regardez pas deux fois. Si vous parvenez à l'Éveil de vous-même en faisant attention profondément à Celui qui entend ces sens, toutes ces paroles seront inutiles. Cordialement Vôtre.
Source du texte : Non dualité.fr

 

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